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Citroën : L'innovation prioritaire

Citroën : l’Innovation prioritaire


Fondée par André Citroën en mars 1919, la marque éponyme a toujours été une entreprise à la pointe de l’innovation cherchant constamment à développer de nouvelles technologies pour ses automobiles mais aussi pour ses clients. Mais pas sans difficultés, notamment financières, qu’amènent un développement aussi lourd. « Dès l’instant qu’une idée est bonne, le prix n’a pas d’importance » pense ainsi son créateur, André Citroën, visionnaire et grand industriel du début du siècle dernier. Ainsi, l’entreprise a innové sur plusieurs niveaux au travers de son histoire, tant sur le plan technique que structurel et commercial faisant de Citroën un acteur incontournable de l’histoire de l’Automobile.


Innovations techniques, fer de lance de la marque


L’innovation technique dans le domaine de l’automobile est un pilier du développement de cette industrie et cette dernière n’a de cesse d’évoluer accueillant aujourd’hui toujours plus de technologies, certaines sont aussi l’aboutissement d’innovations antérieures parfois très simples mais révolutionnaires, et d’autres à la fois très complexes mais futuristes et uniques pour leur époque.


Citroën s’est ainsi démarqué dans ce domaine en innovant avant même la création de la marque. André Citroën est en effet à la base de l’utilisation des engrenages en chevrons qui vont par la suite être l’image de la marque au travers de son logo. C'est un concept importé de Pologne en 1905, aux avantages multiples. Ils sont en effet à la fois plus silencieux, plus solides et durables, et permettent une meilleure synchronisation des axes. Leur principal défaut étant le coût de construction qui s’avère être très élevé.


Engrenage en chevrons


Citroën est aussi à l’origine de la démocratisation du moteur posé sur des silentbloc, nommé « moteur Flottant » par Citroën et installé sur les Rosalies à partir de 1932. Cette innovation importée depuis Chrysler aux États-Unis consistait en l’installation de blocs de caoutchouc ou de système de ressorts entre le moteur et le châssis de la voiture, permettant ainsi d'avoir une voiture plus agréable qui vibre moins.


Publicité vantant le moteur flottant


Par la suite, en difficulté financière, Citroën se doit d’innover davantage. En 1934, il lance la 7A, première de la série des mythiques « Traction Citroën », qui tient son surnom de l’innovation principale de cette voiture. Outre des suspensions indépendantes, rares à l’époque, un châssis entièrement en acier monocoque, des freins hydrauliques, marginaux sur les autos du moment, et bien sûr un moteur flottant, cette voiture a pour principal caractéristique d’être propulsée par les roues avant ce qui en fait une traction. Ce n’est pas la première automobile à l’être, cependant, elle est la première voiture grand public de série à utiliser ce système de transmission. Cependant, et malgré de bonnes ventes, elle rencontre de nombreux soucis techniques qui ne seront corrigés que bien plus tard. Aussi, la première génération de Traction (7a et 11a) n’empêchera pas la faillite de l’entreprise,  qui est reprise en fin d’année 1934 par Michelin. La Traction sera par la suite très appréciée et portera même le surnom de « Reine de la route » du fait de l’ajout dans la gamme de la 15-six d'une version 6 cylindre plus puissante de la Traction.


Affiche publicitaire de la 7a


Enfin, comment parler de Citroën et des innovations liées à cette marque sans parler des suspensions développées par la marque. Ainsi, en 1954, la Traction 15-six peut être acquise avec en option des suspensions arrière hydropneumatiques à hauteur constante, permettant un confort incomparable pour l’époque. Ces suspensions améliorées par la suite et rendues réglables en hauteur ont été installées en série sur les Citroën DS (1955) et ID (1957). Ce sont ces suspensions qui permettront à la DS du Général De Gaulle, alors Président, de s’échapper et de continuer à rouler malgré les pneus crevés lors de l’attentat du Petit-Clamart en 1962. Elles ont été encore améliorées par la suite et installées aussi sur la Citroën SM à partir de 1970. Ce genre de suspension sera encore développée, et en 1989 la Citroën XM sort. Elle est la première voiture équipée de suspensions dites « hydractives » qui combinent la technologie et la technique des suspensions hydrauliques permettant de régler électroniquement la garde au sol de l’automobile.


Une Citroën SM en position haute


On retrouve ces technologies, aujourd’hui encore, soit inchangées soit améliorées. Ainsi, les chevrons sont toujours utilisé mais ont été aussi améliorés, le moteur flottant est devenu la norme, les voitures à transmission avant (traction) représentent la grande majorité des véhicules vendus dans le monde à l’heure actuelle et, enfin, les actuelles suspensions dites « pilotées » que l’on retrouve sous différentes dénominations selon les marques (IDS+ chez Opel, EDC chez BMW, IVDC chez Ford...) sont issues et ont pour base les suspensions développées par Citroën. De plus, ce dernier utilise encore aujourd’hui des suspensions hydrauliques, et même pneumatiques, sur certains utilitaires. Citroën, en tant qu’entreprise n’a pas seulement innové sur le plan technique et technologique mais aussi sur le plan organisationnel et commercial de l’entreprise.


Innovations structurelles et commerciales, pilier de Citroën


Avant la Première Guerre mondiale, André Citroën rachète l’entreprise des automobiles Mors, et l'a redresse. Elle sera absorbée en 1919 par l’entreprise que va créer André Citroën. C’est au sein de cette petite entreprise de construction automobile que l'ingénieur opère une réorganisation des unités de productions et spécialise les tâches, à la manière d'Henry Ford aux États-Unis. Il rend visite à ce dernier à Détroit dans le Michigan, où se trouvent ses chaines de production. Citroën est alors le premier industriel automobile du Vieux continent à utiliser cette méthode et fait bondir les ventes d’automobiles Mors, non sans peine, car il se heurte à l’hostilité des ouvriers qui n'approuvent pas ce changement opérationnel. Durant la Grande Guerre, André Citroën est mobilisé dans l’artillerie et comprend alors l’importance de l’industrie, de la mécanisation et de l’économie du conflit. Il propose alors à l’État-major français la construction d’une usine basée sur le modèle de Taylor dans le but de produire d’énormes quantités d’obus. L’État, ainsi que les banques, lui accordent leur soutien financier est c’est ainsi que nait l'usine du Quai de Javel à Paris.


Avec cette usine, où sont fabriqués des millions d’obus durant la guerre, André Citroën applique toutes les méthodes du taylorisme avec une décomposition des tâches, une interchangeabilité des pièces et il emploi ainsi des ouvriers sans qualifications, qui sont en l’occurrence des ouvrières, les hommes étant mobilisés. Ouvrières qui seront surnommées les « munitionnettes ».



Il va cependant plus loin et ne crée pas qu’une simple usine ; il accompagne cette usine d’une infirmerie, des douches et vestiaires ainsi qu’un restaurant pour ses employées. Autre avancée sociale, il instaure pour les travailleuses venant d’accoucher, qui allaitent ou qui sont en convalescence, des primes mensuelles. Mais si André Citroën a pensé cette usine pour la guerre, il avait aussi anticipé l’après-guerre et donc la reconversion de son usine. « Là où on a vu faire des obus, on verra bientôt se construire des automobiles. Après avoir contribué à la victoire des armes françaises, Citroën s’emploiera à "la grandeur économique de la France", tel qu'il l'annonça suite à l’armistice de 1918. Il se lance donc dans la production d’automobiles à grande échelle. L’entreprise sort en 1919 la 10HP qui se veut être une voiture pour tous, produite à grande échelle dans la mesure où il en sort presque 100 par jour des usines du Quai de Javel.


Publicité pour la 10HP


Afin de les vendre, il mise sur la publicité et fait réaliser des affiches publicitaires grand public, véritable innovation en Europe. Cela marque le début de la publicité qui va beaucoup se développer avec Citroën. Ainsi, en 1921, afin de lancer la 5CV, il achète pour l’occasion des pages entières de journaux, il envoie des brochures à des milliers de potentiels clients. Il crée à cette occasion sa propre imprimerie et un service publicitaire propre. D’années en années, il invente de nouvelles idées publicitaires toujours plus incroyables et stupéfiantes, au point que son principal concurrent de l’époque, un certain Louis Renault, qualifiera en 1922 les coups publicitaires de Citroën de « cirque Citroën ». Par conséquent, lors de l’ouverture du salon de Paris en 1922, le concepteur automobile a fait écrire le nom de sa marque par un avion dans le ciel parisien. Il fait également fabriquer de très nombreux panneaux de signalisation, que ce soit de vitesse, d’avertissement, de garages… avec en fond le logo de la marque. Il est le premier à mettre en place un système de garantie sur ses véhicules, tout comme il est le premier à proposer la révision gratuite de ces derniers modèles, le tout orchestré par un gigantesque réseau de vente et de « concessions ». Il organise aussi de grandes expéditions avec des véhicules Citroën comme la Croisière noire reliant l’Algérie à l’océan Indien en 1924 ou en 1931, qui parcourt une distance titanesque pour l’époque car elle reliait Beyrouth à Pékin en passant par l’Himalaya et les déserts iraniens. Il fait aussi représenter ses exploits, ainsi que son usine révolutionnaire, dans les vitrines animées des grands magasins parisiens. Et enfin, point culminant de la publicité de Citroën, il fait durant 11 ans, de 1925 à 1936, illuminer la Tour Eiffel de son nom, à la façon des lettres Hollywood de Los Angeles. Il aura fallu 25 000 ampoules pour réaliser cette prouesse qui servira même de point de repère à Lindbergh lors de sa traversée de l’Atlantique.



Publicité aérienne pour le salon de Paris 1922 et sur la Tour Eiffel en 1925


Toutes ces innovations ont contribué à forger l’image de marque de Citroën et à en faire un modèle de « luxe à la française », d’ingénierie et surtout d’innovations. Il n’est donc pas étonnant que 9 des 21 voitures présidentielles officielles de la Ve république soient des Citroën. Il est aussi évident que les innovations de Citroën ne se sont pas limitées aux exemples cités, mais bien d’autres ont existé comme les phares directionnels pour ne citer qu'eux. Ainsi, Citroën, qui est aujourd’hui plus dans l’ombre que la lumière, a marqué de son empreinte indélébile l’Histoire de l’industrie Automobile.


Arnaud Mayet


« André Citroën » de Jacques Wolgensinger aux Éditions Flammarion

« La Traction Citroën de mon père » aux éditions Atlas

« Louis Renault et André Citroën, la course du siècle » France 3

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